Après beaucoup d’hésitation entre dormir sur place ou chez moi la veille, j’ai pris le parti de rester chez moi. De toute façon, je n’étais pas prêt pour faire le trajet le vendredi soir. J’arrive donc le samedi matin un peu trop tard pour faire le tour de reconnaissance mais peu importe, je pourrais faire cela lors de la procédure de départ. Je récupère mon dossard, prépare mes affaires dans le box. Il reste encore 5h avant le départ. L’occasion d’un peu de détente et de discussion avec l’équipe GASP Cycling Braquet Libre avec qui je partage le box 37.
J’ai prévu de manger les mêmes cakes que sur le Paris-Brest-Paris mais j’ai ajouté de l’alimentation liquide car l’intensité de l’effort pourrait rendre difficile une alimentation solide. Pour les pauses, j’ai aussi préparé du riz au lait qui avait été parfait lors du PBP.
La préparation :
Pas trop d’aléas dans la préparation, j’arrive sur les 24h du Mans avec un peu plus de 9000km mais une seule sortie « longue » cette année avec 400km pour rejoindre Epinal depuis Paris le Week-End de l’ascension. J’ai eu un mois de juin chargé avec la traditionnelle Sud Yvelines et un séjour avec mes collègues dans le Jura ainsi que le début du mois d’Août avec pratiquement 400km/semaine et des sorties solo de 150km.
L’épreuve :
Un peu moins d’heure avant le départ, la mise en place commence, d’abord les équipes de 4, de 6 puis de 8. Viennent ensuite les duos et enfin les solos. Je pars donc pour le « tour de formation ». J’en profite pour repérer les différents virages ; on ne devrait pas beaucoup user les freins sur ce circuit.
Je m’installe au début des solos grâce à mon dossard 102. J’aperçoie Evens Stievenard pas très loin avec le dossard 105.
La procédure de départ commence avec les hymnes des différents pays représentés puis François Pervis remonte la ligne de départ avec le drapeau français. La pression monte d’un cran.
Et… c’est parti, je cours jusqu’à mon vélo de l’autre côté de la piste et je me lance. Au passage, comme beaucoup, j’ai failli me casser la figure au moment d’agripper mon vélo.
J’entame ma remontée, je me faufile, j’aperçois quelques mètres devant moi le 105, j’essaie de me faufiler derrière lui.
Je commence à être bien essoufflé mais je veux poursuivre encore un peu ma remontée. Après 1 tour, je ne sais pas trop à quelle place je me trouve mais je commence à rester dans les roues qui sont devant moi. J’aperçois une cassure un peu plus loin, je suis dans le 2nd groupe. Je pense que le 1er groupe est constitué d’une 60aine d’unités. Je me cale dans les roues et essaie de ne pas faire trop d’effort.
Au bout d’une heure, la moyenne dépasse les 40km/h mais j’ai de bonnes sensations, je reste donc caler dans ce groupe.
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| Descente de la Dunlop... |
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| Montée de la Dunlop; plus dur!!! |
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| Après le ravito |
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| Ligne des stands |
Après une heure et demi, nous nous faisons rattraper par le groupe de tête, tout mon groupe tente de s’accrocher et je commets sans doute une erreur en faisant de même. Dans ce groupe, je réalise mon meilleur tour à plus de 45km/h (le 16ème tour pour être précis).
Les tours passent, il fait chaud, je bois régulièrement. Je n’essaie même pas de manger mes cakes.
Après 3h de course, ça devient dur de suivre les roues, je me laisse prendre dans une cassure, cela permet de ralentir la cadence.
Après 3h30 de course, j’effectue mon 1er arrêt. Indispensable, mes 4 bidons sont complètement vides. Je récupére 4 bidons pleins, bois un peu d’eau, une pause indispensable et c’est reparti. L’arrêt aura duré environ 5min.
Je retrouve rapidement un groupe. Les 2 premières heures se passent très bien, je reste dans le même groupe que l’équipe GASP Cycling qui fait rouler son 3ème relayeur.
Après 6h de course, 1er gros coup de bambou, je lâche dans la Dunlop qui devenait dure depuis quelques tours.
Le ralentissement est assez brutal, j’essaie de prendre des roues mais les groupes me paraissent tous trop rapides.
J’insiste une heure et demi pour effectuer mon 2nd arrêt après 7h30 de course. La pause sera un peu plus longue, 10min environ.
Lorsque j’essaie de monter sur mon vélo, j’ai des crampes qui se mettent en place. Je m’y reprends à plusieurs fois pour pouvoir repartir.
La première heure de ce relais est correct malgré ces débuts de crampes.
Au bout de 8h30, 2nd coup de bambou. En fait, je me rends compte que je ne digère pas du tout les crampes, je décide donc d’effectuer quelques tours en récupération active. Les groupes défilent à haute vitesse mais je sens que c’est ma seule chance de ne pas complètement exploser.
Après ces quelques tours, j’altère des tours où j’arrive à prendre des roues et les tours où je me sens arrêter. C’est un passage difficile pour moi. Le moral n’est pas au top.
J’effectue mon 3ème arrêt après 11h de course, encore une 10aine de minutes.
Le relais suivant, je continue dans cet état alternant le moyen et le pire.
Après 14h, je décide de m’accorder un arrêt plus long pour m’alimenter, récupérer un peu et repartir pour profiter de ce moment un peu magique qu’est le lever du soleil.
Le vent s’est un peu levé, il est défavorable dans la ligne droite des stands et dans la montée de la Dunlop. Les groupes sont plus faciles à suivre. Bien calé dans les roues, la montée se fait un peu plus longtemps.
Ce relais se passe très bien, j’enchaîne les tours à un bon rythme.
Après 18h de course, j’effectue mon 4ème arrêt, cette fois encore un peu plus de 20min.
Il reste 6h et je commence à compter. Vu mon rythme actuel, je ne vois pas trop comment atteindre les 720km que je m’étais fixé comme objectif.
Ça peut encore passer mais ce sera très très juste.
Le moral est plus que fluctuant, la fin du relais est un calvaire. Je peine à rouler à plus de 25km/h. La Dunlop ressemble à l’Alpe d’Huez.
Je m’arrête pour mon 5ème arrêt après 21h de course. 154 tours effectués, il me manque 18 tours pour atteindre mon objectif.
Après 15min, je pars avec un peu plus de baume au cœur, c’est mon dernier relais en théorie. J’effectue quelques tours rapides après avoir trouvé un bon groupe mais malgré la fin approchant, je me retrouve planté à nouveau. Je ne devais pas m’arrêter mais j’ai vidé mes 2 bidons que je pensais suffisant pour finir. Je décide donc de m’arrêter une fois de plus, une 10aine de minutes après 23h de course.
Il me reste une heure mais quand je repars, je suis vidé, il me manque encore 7 tours.
Comme souvent sur les épreuves longues, lorsque le final approche, la tête retrouve de l’envie et les jambes repartent un peu. C’est exactement ce qui se passe pour moi, j’effectue quelques tours rapides autour de 35km/h. Je passe la ligne marquant la fin de mon 171 tour après 23h55.
Je n’ai plus qu’à finir mon tour pour valider le 172ème. Je me relâche complètement et profite de ce dernier tour. Je me fais doubler pour les premières équipes, je remonte la ligne des stands, une clameur incroyable vient des tribunes (bien sûr pas que pour moi), je frisonne, j’ai les larmes aux yeux.
Je passe la ligne, rejoins tranquillement mon stand. Je peux enfin me poser.
| Diplôme de l'épreuve |
Conclusions :
J’ai un sentiment très mitigé sur ces 24h du Mans. Je suis assez content de ma performance mais j’espérais un peu plus. Après tout, 720km en 24h, c’est ce que j’avais fait sur le début du PBP mais la gestion de l’effort est très différente. Au PBP, tout le monde se fatigue en même temps, on rentre dans une sorte de solidarité dans l’effort. Au Mans, les équipes sont à la bagarre pour leur classement, l’intensité de l’effort est incroyable.
Je me suis sans doute griller en m’accrochant à des groupes trop rapides.
D’un autre côté, tout le monde me félicite pour ma performance.
Je recommencerai sans doute mais j’essaierai d’être plus raisonnable…







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