Première course au Québec pour laquelle je vais devoir rouler la nuit. Jusqu'à maintenant, toutes les épreuves ou challenges faits cette année n'ont pas nécessité de rouler durant la nuit.
Je suis très excité et très motivé par le parcours. J'ai pu en faire certaines parties à vélo ou en voiture durant l'été. Je sais que ça ne sera pas facile et qu'il faudra tenir la distance. Puisque 1000km nous attendent avec plus de 11000m de dénivelé. Mais les plus grosses difficultés se situeront dans le dernier quart du parcours (environ 4000m de D+ sur les 250 derniers km).
J'arrive la veille du départ. J'en profite pour faire les 15 premiers km, histoire de ne pas avoir de surprise en début de course et de me positionner au mieux compte tenu des difficultés. En fin d'après-midi, je récupère mon "dossard" et Sylvain l'organisateur nous rappelle les détails du parcours qu'il nous a concocté lors du briefing d'avant-course. On discute un peu entre concurrent, je cherche à identifier quel seront les plus coriaces adversaires.
Je passe une bonne et je prends mon temps pour me préparer le départ est prévu à 12h. Je suis prêt vers 11h, je vais faire 5km tranquille, pas pour m'échauffer, juste pour éviter l'attente passive. Vers 11h30, tous les concurrents ont sur place, on discute, on partage nos expériences. 11h45, Sylvain met en place la "grille" de départ. Il nous donne les derniers informations météo qui nous promet une fin de course sous une forte pluie.
Mais pour l'instant, c'est le départ et il fait grand soleil. Nous partons sur une petite boucle à côté du Manoir Delage, je me positionne parmi les 5 premiers (il faut dire que nous ne sommes que 13 au départ). En cours, de la 2nde boucle, je me place en tête, j'ai la descente et ça y est nous quittons le Manoir Delage vers les grands espaces. Nous sommes 5 en tête; nous organisons quelques relais. Et rapidement, je me retrouve seul avec Guillaume. Il va à un très bon train, j'essaie d'être aussi efficace que lui et nous prenons le large. Nous prenons des relais de plusieurs minutes (entre 4 et 5) ce qui permet de récupérer avant de retourner au charbon.
Au premier pointage après presque 90km parcourus, nous arrivons ensemble et faisons le plein et mangeons un peu. Lorsque nous repartons, personne d'autre ne nous a rejoint. Nous reprenons notre rythme de croisière après une petite ascension dans laquelle je me rends compte que je suis en difficulté lorsque la route s'élève. Nous sommes lancés dans la traversée du parc des Laurentides; un grand boulevard sous forme de 2x2voies qui me donne l'impression de rouler sur le bord d'une autoroute. Presque 200km sur cette route isolée avec une unique station en plein milieu de nulle part. Nous en profitons pour nous ravitailler et apprenons par Sylvain l'organisateur de l'épreuve que nous avons environ 10minutes d'avance sur les suivants. En nous voilà repartis. Le soleil commence à décliner, la route est désormais essentiellement descendante jusqu'à Chicoutimi. La nuit finit de tomber avant que nous y arrivions. Dans Chicoutimi, nous avons le droit à 2 ascensions courtes mais très pentues dont l'une avoisine les 25%. Nous rejoignons le 2nd ravitaillement. Nous ne sommes pas protégés du vent et j'ai immédiatement froid. J'enfile à peu près tout ce que je trouve pour me réchauffer. Henri arrive alors qu'on se ravitaille; il a dû rouler fort car il nous a repris du temps, seul et pourtant nous avons roulé à un très bon rythme. Nous repartons presqu'ensemble. Henri a pris quelques longueurs d'avance. Guillaume s'arrête, je pars à la poursuite de Henri mais je constate que sa lumière s'éloigne inexorablement. Je coupe mon effort pour retrouver une intensité plus compatible du parcours restant. Guillaume me passe lorsque j'effectue une petite pause. Je me retrouve donc 3ème. Il fait maintenant nuit noire, je suis seul comme mon compagnon de route. J'aborde le tour du lac Saint Jean. J'évite miraculeusement une chute lorsque je frotte un trottoir avec mes roues et le pédalier; j'ai vraiment eu très chaud. Cela me réveille et je poursuis désormais ma route à mon rythme. J'arrive à Dolbeau un peu avant le levé du jour. Guillaume et Henri sont en train de dormir. Il n'y a plus vraiment de solution de couchage et je n'éprouve pas de fatigue. Je prends tout de même une longue pause, il faut de toute façon avoir effectué 3h de pause au moins dans les différents contrôles. Après une quarantaine de minutes, je reprends la route en tête puisque Guillaume et Henri dorment encore. Ma position est totalement virtuelle puisque je devrais marqué des arrêts plus longs par la suite. Malheureusement à l'approche d'Alma, un rayon de ma roue arrière lâche. La roue prend instantanément un voile important et le pneu frotte sur le cadre. Impossible de rouler dans ces conditions. Les options s'épuisent rapidement, je n'ai pas de rayon de secours; les magasins de vélo sont fermés… il ne me reste que l'abandon et le retour au départ en Taxi. En attendant le taxi, je vois passer mes 2 compagnons de route Henri et Guillaume. Ils arriveront à destination après une 2nde nuit dans des conditions épiques, pluie et froid dans la traversée du Parc des Grands Jardins, je ne sais pas comment j'aurai fini cette épreuve mais j'ai encore de grosses difficultés avec les gros pourcentages que l'on rencontre ici.
J'aurai tout de même parcouru un peu plus de 500km en un peu moins de 20h. Je repars du Manoir Delage un peu déçu mais j'y reviendrai...
Suite à cette épreuve, j'ai aussi eu un petit pépin avec un nodule fibreux périnéal qui va me bloquer pendant 3 semaines, impossible de monter sur le vélo pour lui permettre de se résorber. Pas la préparation idéale pour le défi 808 à la mi-septembre. Mais ça, ce sera un autre résumé.
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